Fiche technique
- Durée du projet : 6 ans (2017-2023)
- Maître d’ouvrage : commune des Lacs 1 (anciennement commune d’Aného), région Maritime, Togo
- Assistant à la maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’œuvre, opérateur : partenariat ONG SEVES–ARWP
- Partenaires associés : TdE, SP-EAU, commune des Lacs 1.
- Montant global du projet : 1 416 114 €.
Contexte
La ville d’Aného / Communes des Lacs 1
La ville d’Aného (6°13’37.44’ N / 1°34’55.31’ E) compte environ 29 000 habitants et se situe en milieu semi-urbain. Elle est tricentenaire et deux fois capitale du Togo, chef-lieu de la préfecture des Lacs.
Aného, ville côtière frontalière, est située dans la Région Maritime, et limitée à l’Est par la République du Bénin. Située à 45 kilomètres de Lomé capitale actuelle du Togo, elle a une superficie de 32 km² avec une limite naturelle, le lac et une bande de terre littorale. Elle est abondamment arrosée par les affluents du fleuve Mono et le lac Togo.
Le site, très complexe, a créé une ville formée par trois noyaux principaux qui sont séparés l’un de l’autre par la lagune et reliés par des ponts.
La croissance spontanée se développe dans deux seules directions possibles : à l’ouest vers Lomé, le long de la côte et au nord vers les terres les plus hautes. La ville est traversée par l’axe routier reliant Abidjan (Côte d’Ivoire), Accra (Ghana), Lomé (Togo), Cotonou (Bénin), Lagos (Nigéria), entre Lomé et Cotonou (Nationale 2 au Togo). La périurbanisation rapide autour de Lomé laisse augurer qu’Aného fera partie intégrante de la banlieue de la capitale dans quelques années.
Jusqu’en 2019, la commune d’Aného était dirigée par la délégation spéciale dans l’attente de la réalisation d’élections municipales. Ces élections ont eu lieu en juin 2019 avec l’élection de onze conseillers municipaux. Ces élections ont entériné le nouveau découpage territorial togolais. Ainsi, Aného est devenue la commune de Lacs 1 avec le canton de Glidji. Elle en est le chef-lieu.
La ville d’Aného est composée de 30 quartiers, dont le développement est confié aux Comités de Développements de Quartier (CDQ).
Aujourd’hui, la proximité de Lomé nuit beaucoup à la croissance économique d’Aného. Les secteurs prédominants de l’économie urbaine sont l’artisanat, l’administration publique et le commerce. Ce dernier secteur présente des caractéristiques d’irrégularité et de précarité et est en déclin car le taux d’émigration est élevé et le solde migratoire est négatif.
Diagnostic initial en matière d’eau potable
Situation avant-projet
Le réseau d’alimentation en eau potable (AEP) a été mis en fonctionnement en 1966. Le centre d’exploitation d’Aného comporte deux systèmes indépendants : Anfoin et Aného centre. Les systèmes d’Anfoin et d’Aného Centre sont alimentés par le site de production de Fiata.
Ce système est composé de cinq forages, dont trois en fonctionnement couvrant les besoins de l’agglomération. L’eau est censée être traitée par filtration sous pression, neutralisation à la chaux et stérilisation au chlore au niveau des forages mais les filtres ne sont plus utilisés. L’eau est ensuite acheminée par des conduites d’adduction principalement en fonte vers les châteaux d’eau.
Cinq châteaux ont été construits, dont trois sont en exploitation : Glidji en béton 100 m3, Aného (Kpota) en béton 500 m3, Anfoin en béton 750 m3 (problème d’étanchéité). Deux châteaux de 25 m3 en béton à Aname et Ganavé sont abandonnés à cause de leur vétusté. La capacité des réservoirs en service est de 1 350 m3.
71,4 km de conduites de distribution (dont 32 km en amiante ciment qui rencontrent des problèmes de fuites) alimentent 38 bornes fontaines et desservent 707 branchements privés. Un tiers des bornes fontaines et des branchements particuliers ne sont plus en fonctionnement en raison principalement de l’émigration de l’ancienne ville et de problèmes d’impayés. En août 2019, on compte 673 branchements privés et 25 bornes fontaines actifs.
Problèmes considérés dans le projet
Les capacités de stockage des trois principaux châteaux d’eau (1 350 m3) représentent l’équivalent de trois jours de consommation sur la base des chiffres moyens quotidiens actuels (610 m3/j distribués, soit une consommation moyenne de 21 l/j pour chacun des 29 000 habitants). Les principales conduites du système d’Aného fonctionnent en mode adduction-distribution pendant les heures de pompage des forages et en mode distribution depuis les châteaux d’eau quand les forages sont à l’arrêt.
Les principaux problèmes constatés sont la vétusté des infrastructures patrimoniales, le manque d’équipements permettant une exploitation rationnelle, le manque de professionnalisme concernant le suivi des indicateurs de performance, le faible nombre de branchements, et le non-respect des tarifs nationaux par les fontainiers. Dans ce contexte, la TdE n’est pas en mesure de répondre à l’augmentation de la demande et d’assurer la continuité du service sur l’ensemble de réseau à 10 ans, de développer le service dans les quartiers de développement de la ville, et de garantir un service accessible aux plus pauvres.
Les problèmes auxquels le projet souhaite répondre sont les suivants :
- Problème d’exploitation et d’équipements d’exploitation : certains quartiers souffrent de périodes de pression insuffisante quand les forages sont à l’arrêt et que la demande connait des pics aux heures de pointe (matin et fin d’après-midi). La durée du pompage n’est liée à aucune mesure de suivi du niveau des réservoirs ; la répartition de la demande et des fuites n’est pas connue. Lors des visites de diagnostic, 2 des réservoirs étaient vides.
- Problèmes de fuites : l’Agence de la TdE a essayé à plusieurs reprises d’augmenter la durée de pompage pendant des périodes données, sans qu’une augmentation de la distribution soit constatée, ce qui démontre la présence de fuites importantes (rendement de réseau estimé à 65% par la TdE en 2017, rendement réel de 55% sur le premier semestre 2019). Les fuites sont présentes en particulier au niveau du réseau de distribution en amiante ciment (AC) qui date de 1966.
- Problèmes d’accès : le réseau de la TdE est fortement concurrencé par les sources alternatives que sont les puits privés pour les plus pauvres et les forages privés, dont l’eau n’est pas contrôlée, et devient particulièrement salée à certaines périodes ; la gestion des bornes fontaines ne fait l’objet d’aucune organisation et d’aucun contrôle et l’eau y est vendue 2 à 4 fois plus cher que le tarif social réglementaire (500 FCFA/m3).
En 2015, une étude du bureau d’études Artelia estime le taux de desserte à Aného à 35 % dont 17 % au niveau des BP et 18% au niveau des BF. Les besoins prioritaires à Aného sont les suivants :
- Au niveau de l’exploitation : équiper les réservoirs de dispositifs de mesure de niveau, sectoriser (compteurs intermédiaires) le réseau pour suivre et contrôler l’origine des fuites, réhabiliter les 3 réservoirs en fonctionnement. Réorganiser l’exploitation autour des nouveaux dispositifs de suivi des performances.
- Au niveau des infrastructures patrimoniales : remplacer 32 km/ linéaires de réseau en Amiante Ciment (AC).
- Développer les branchements privés, développer l’accès social aux bornes fontaines au tarif réglementaire.
- Changer les comportements : inciter les habitants d’Aného d’abandonner la consommation aux puits et forages (eau non potable et qui salinise) pour préférer l’eau du réseau public.
Diagnostic initial en matière d’assainissement liquide
Concernant l’assainissement, la ville d’Aného connaissait un très fort taux de défécation à l’air libre dans les années 2000. Ce taux s’est sensiblement réduit avec la mise en place d’un service public d’assainissement non collectif (SPANC) dans le cadre de la coopération de la commune avec le Conseil général des Yvelines (78), cofinancé par l’Union européenne qui comprenait une offre d’équipements d’assainissement à domicile, et le développement d’un service communal de vidange et de traitement, pour un quartier de la ville.
Le projet ESPANCA (Extension du service public d’assainissement non collectif d’Aného), démarré en 2016, a pour objectif d’étendre le service à de nouveaux quartiers. En parallèle, des écoles non confessionnelles sont équipées en latrines. La commune a fait appel à SEVES pour réhabiliter et créer de nouvelles latrines pour le collège et le lycée ne faisant pas partie d’ESPANCA, ainsi que l’équipement de dispositifs de lave-mains. La création ou la réhabilitation d’infrastructures de chaque établissement sera conditionnée par un abonnement au SPANC de l’établissement, qui se sera préalablement assuré de sa capacité à payer la redevance annuelle pour la vidange.
Genèse du projet
En 2013, la commune d’Aného a sollicité l’appui de SEVES et du SEDIF pour développer le réseau d’eau potable dans des quartiers nondesservis de la ville. Le PASPEA I (2014-2017), mis en œuvre par SEVES, avec l’appui financier du SEDIF, et la participation de la TdE et de la SP-EAU, a permis la réalisation de 6,5 km/l de réseau d’extension de trois quartiers (Abalokondji, Habitat, Messankondji). Cette première collaboration avec la commune d’Aného et les acteurs togolais du secteur de l’eau potable (TdE, SP-EAU) a permis de comprendre le fonctionnement du secteur et d’identifier les faiblesses du système d’alimentation en eau potable d’Aného.
Le PASPEA II comprend la mise en œuvre de solutions opérationnelles aux problèmes de fonctionnement et de gestion du système d’alimentation en eau potable d’Aného.
Le projet
Objectifs généraux
- Améliorer l’état de santé des populations d’Aného en diminuant les maladies hydriques
- Contribuer à la lutte contre la pauvreté et améliorer l’état de santé des populations
Objectif spécifique
- Améliorer durablement le niveau de service de l’eau potable et l’assainissement scolaire de la ville d’Aného au Togo.
Résultats
- R1 : l’accès à l’eau aux plus pauvres est garanti et la qualité de la desserte est améliorée
- R2 : le réseau d’Aného est réhabilité et l’exploitation est améliorée
- R3 : Lles capacités des acteurs locaux sont renforcées
- R4 : l’assainissement en milieu scolaire est amélioré
À la demande de la commune des Lacs 1 (anciennement commune d’Aného), Région Maritime, Togo, appuyées par SEVES (assistant à la maîtrise d’ouvrage) et le bureau d’études ARWP (maître d’œuvre), le Projet d’amélioration du service public de l’eau d’Aného (PASPEA) a été élaboré pour améliorer durablement le niveau de service de l’eau potable et l’assainissement scolaire de la ville d’Aného.
Élaboré à l’origine sur la base de demandes d’extensions du service public de l’eau de la part de la commune d’Aného (devenue commune des Lacs 1), le PASPEA II comprend une approche plus globale consistant à (1) améliorer et pérenniser le système existant à travers l’amélioration des performances techniques et économiques, tout en optimisant le fonctionnement hydraulique du réseau ; condition nécessaire pour (2) promouvoir le développement de l’accès géré en toute sécurité à travers les branchements privés, et garantir en parallèle un accès à un service élémentaire au niveau de bornes fontaines pour les populations moins nanties, (3) promouvoir une gouvernance et une concertation multi-acteurs dans la planification et la gestion du service et (4) renforcer l’accès à l’assainissement en milieu scolaire dans des établissements prioritaires.
Conduit en partenariat avec la SP-EAU (Société de patrimoine Eau et Assainissement en milieu Urbain), la TdE (Togolaise des Eaux), la commune des Lacs 1, le PASPEA (2017-2023) comprend :
Des travaux de renforcement du systèmes d’alimentation en eau potable d’Aného :
- réhabilitation de trois châteaux d’eau,
- remplacement de 30 km de conduites,
- travaux d’interconnexion de sous-réseaux d’Aného et d’Anfoin afin d’améliorer la pression,
- le développement de la desserte des usagers : promotion de branchement privé, création et réhabilitation de bornes fontaines,
Des mesures d’appui aux acteurs du service pour l’amélioration de la gestion et de l’exploitation de l’AEP :
- mise en œuvre de mesures d’amélioration des performances du service (sectorisation, suivi des fuites, recouvrement aux bornes fontaines),
- expérimentation d’une politique publique locale de gestion des bornes fontaines au tarif social à travers la délégation de service public à un opérateur privé : élaboration d’un modèle institutionnel, accompagnement à la DSP, appui et suivi de la DSP et sensibilisation.
L’assainissement en milieu scolaire avec l’équipement de deux établissements scolaires en blocs sanitaires, l’accompagnement pour la gestion des équipements et la sensibilisation des populations.
Le projet est réalisé avec le soutien financier du Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF) dans le cadre de quatre conventions de financement ; de l’Agence l’Eau Seine Normandie (AESN) dans le cadre de deux conventions de financement ; de la commune des Lacs 1, de la Société de Patrimoine Eau et Assainissement en milieu Urbain et semi-urbain (SP-EAU) et de la Togolaise des Eaux (TdE).
Bilan du projet
Eau potable
Le projet a permis de réaliser un inventaire du patrimoine hydraulique du réseau d’Aného-Anfoin, la sectorisation du réseau par la fourniture et la pose de 6 compteurs de secteurs permettant d’identifier les secteurs fuyards du réseau, un modèle hydraulique pour planifier le développement et le renforcement du réseau, les études de niveaux APS, APD et les marchés pour la réalisation des travaux.
Les travaux ont concerné le remplacement de 28,7 km de réseau en amiante ciment par du réseau PVC, la création d’une nouvelle conduite pour l’interconnexion des sous-réseaux Anfoin et Aného, la création (2) et la réhabilitation (7) de bornes fontaines (BF), la création de 76 branchements privés (BP). La Togolaise des Eaux a réalisé ou pris en charge dans le cadre du projet les travaux de réalisation d’un nouveau forage, la pose des 28,7 km de réseau PVC en remplacement des conduites en amiante. La commune a pris en charge la création de deux bornes fontaines.
La commune a été appuyée dans l’élaboration, la sélection et la mise en œuvre d’un modèle de gestion des bornes fontaines, en l’occurrence la délégation de la gestion des bornes fontaines à un opérateur unique, visant à garantir le respect du tarif réglementaire et la pérennité des bornes fontaines, ainsi que des mesures de sensibilisation des populations et des comités de développement de quartiers (CDQ) pour la promotion de la consommation d’eau potable et le contrôle des fontainiers.
L’agence de la Tde d’Aného a été appuyée tout au long du projet pour améliorer la qualité de l’exploitation et le suivi des performances, la gestion patrimoniale, en lien avec la direction de la production et de l’exploitation du sud (DPES), la direction de la planification, de la cartographie et des études (DPEC), la direction commerciale (DC), et la direction générale (DG). Des actions de capitalisation et de partages d’expériences ont été réalisées entre communes, et avec les sociétés d’Etat concernant le développement et le suivi des services publics essentiels, l’amélioration des performances, la gestion patrimoniale notamment.
Les principaux résultats atteints pour le service public de l’eau sont, entre 2017 et 2020, une augmentation de la production de 14%, de la distribution de 31%, et du rendement de réseau de 11 %, pour une production de 1 094 m3/jour et un rendement de réseau de 64 % ; une augmentation entre 2017 et 2021 du nombre de BP de 23 % pour 950 BP en juin 2021. La qualité du service aux usagers dans les quartiers nord d’Aného a été améliorée : pression suffisante, continuité du service. La desserte des usagers de la commune des Lacs 4 se situant sur l’axe entre la station de production de Fiata et le château d’eau d’Anfoin sans piquage sur la conduite de refoulement est désormais possible.
Les trois premières bornes fontaines respectant le tarif régulé desservant en moyenne 8 m3/jour, un ménage de 5 personnes s’approvisionnant aux BF consommant 15 l/j/p économisera en moyenne 1 143 FCFA/mois (1,74 €/mois).
Assainissement
Le projet a permis la création d’un bloc sanitaire de 10 cabines de toilettes à chasse manuelle, avec fosse septique et incluant des dispositifs de lave-mains, au Lycée d’Aného Ville ; la réhabilitation d’un bloc sanitaire de 11 cabines de toilettes et 7 douches, avec fosse septique et incluant des dispositifs de lave-mains, au collège protestant ; la création et la formation de deux comités de gestion des équipements scolaires ; la mise en œuvre de séances de sensibilisations des élèves des deux établissements, aux bonnes pratiques d’hygiène et d’assainissement.